La confrontation est-ouest : 1947-1975

LA CONFRONTATION EST-OUEST : 1947-1975

Au lendemain de la guerre, le monde est bipolaire :

USA et URSS sont les seuls grands vainqueurs, et tous les autres pays sont affaiblis et ruinés, dépendants le plus souvent, déchirés parfois.

Les deux grands, que tout oppose maintenant, se retrouvent face à face, inquiets chacun de la montée en puissance de l’autre. De 1945 à 1946, les divergences d’intérêt, les malentendus et les méfiances, accroissent la tension entre les deux supergrands, et conduisent à la rupture de 1947

Définition de la Guerre froide

La guerre froide est donc un profond antagonisme E-W qui dure de 1947 à 1991et prend la  forme  d’un conflit permanent et systématique, sur le plan idéologique, politique, économique, culturel, militaire et spatial, mais qui  ne conduit pas pour autant à un affrontement armé direct et généralisé des deux blocs.

Les deux adversaires vont recourir à  tous les moyens de l’intimidation, de la propagande, de la subversion, voire de la guerre locale tout en s’abstenant d’en venir aux armes l’un contre l’autre ; la menace sur la paix est tout de même désormais permanente.

« Guerre improbable, paix impossible » (Raymond Aron)

La Guerre froide comporte plusieurs étapes :

Elle débute en 1947, année charnière, et culmine dans les années 48-53

Elle se poursuit par une période d’amélioration, avec la coexistence pacifique de 1953 à 1962 et la Détente entre 1962 et 1975.

Elle connaît un regain de tension de 1976 à 1985 surtout après l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS fin 1979 (« la guerre fraîche » de 1980 à 1985)

Elle se termine par une véritable amélioration consécutive à l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985 ce qui conduit à la disparition de l’URSS en 1991, et par voie de conséquence à la fin de la guerre froide.

I. 1947-1953 : LA NAISSANCE DE LA GUERRE FROIDE AVEC LA  CONSTITUTION DE DEUX BLOCS ANTAGONISTES.

A. 1945-1946 :  AUX ORIGINES DE LA GUERRE FROIDE, LES manœuvres SOVIETIQUES ET L’EXPANSION DU COMMUNISME.

Dès 1945 la « Grande Alliance » se disloque car la méfiance s’installe entre les vainqueurs de la guerre et l’URSS porte une lourde responsabilité dans cette dégradation des relations Est-Ouest vue l’expansion du communisme dès le lendemain de la guerre, entre 1945 et 1946

Trois grandes lignes dans la politique de Staline :

Faire oublier son alliance avec Hitler de 1939 à 1941

Lancer un programme nucléaire pour tenter de parvenir d’urgence à la parité avec les USA en brisant leur monopole (bombe A en 1949 et bombe H en 54)

Se ménager un glacis protecteur en Europe et en Asie pour mieux assurer la sécurité de l’URSS

En fait, c’est la raison d’état, c’est à dire la sécurité soviétique qui pour Staline l’emporte largement sur les raisons idéologiques, c’est à dire la propagation du communisme et la révolution mondiale. A preuve, il incite à la modération des partis frères là où la sécurité soviétique n’est pas concernée ( Fr, It …) mais incite les communistes des pays voisins de l’URSS à s’emparer des postes-clés du pouvoir malgré la faiblesse de leur implantation.

1°) L’engrenage de la méfiance commence dès 1945 – 1946.

a) Les prétentions soviétiques et la menace communiste

•    En Europe de l’Est, maintien de l’armée rouge

•    En Turquie, en Grèce, en Iran, pressions soviétiques

•    En Chine, reprise de la guerre civile

b) Les réactions occidentales

•    Churchill parle publiquement d’un « Rideau de fer » qui s’est abattu sur l’Europe de Stettin à Trieste (discours de Fulton)

•    La fermeté américaine

•    Arrêt dès 1945 de la loi de prêt-bail

•    Mauvaise volonté occidentale pour les démontages d’usines allemandes

•    Mobilisation de la flotte US en Méditerranée et pressions diplomatiques

2°) Le processus de conquête

Il mérite d’être souligné et sera le même dans tous les pays d’Europe de l’Est, à quelques nuances près, prenant l’apparence de la légalité, se développant en fait sous la pression.

•    Occupation par l’armée Rouge

•    Dénazification et épuration menées avec le concours de l’armée rouge, et démantèlement des structures et cadres politiques de l’ancien régime.

•    Regroupement dans un « Front National » contrôlé par les communistes, des forces issues de la résistance Constitution d’un gouvernement de coalition ou d’Union Nationale dans lequel les communistes contrôlent les postes-clés ( Intérieur, Justice, Armée, Economie)

•    Noyautage de l’état, de l’administration, de la société tout entière (associations, quartiers, usines …)

•    Elimination de l’opposition

•    Elections truquées en terrain préparé garantissant la victoire des communistes et des socialistes ralliés

•    Signature d’un traité d’alliance avec l’URSS, l’alliance étant scellée au profit du plus fort

•    Interdiction de l’opposition qui est pourchassée, ses chefs étant en fuite, en prison ou exécutés avec instauration du totalitarisme importé d’URSS : parti unique, police politique, milice, et  règne de la terreur et de la peur

3°) La multiplication des « démocraties populaires » en Europe de l’Est

a) Moscou impose le système soviétique là où l’armée rouge est présente

= mise sous tutelle rapide pour les ex-alliés du nazisme :

1. Bulgarie,

leader communiste = Dimitrov

après le traité de paix de 1947, il instaure une démocratie populaire et le chef de l’opposition est exécuté en septembre

2. Roumanie,

interdiction des partis « bourgeois » puis abdication forcée du roi Michel en novembre 1946

proclamation de la république populaire en avril 1948

3. Hongrie,

« Tactique du salami » : élimination de l’opposition tranche par tranche

Aux élections de 1947 les communistes ne font que 22 % mais l’opposition est extrêmement divisée ce qui va faciliter son élimination par tranches successives

Le communiste Rajk, chef de la police, aidé par les services  soviétiques multiplie les arrestations et les communistes s’emparent des rouages du pouvoir les uns après les autres ; en 1948 la Hongrie  est sous contrôle communiste.

b) Deux cas particuliers : Yougoslavie et Albanie

La Yougoslavie de Tito et l’Albanie de E. Hodja deviennent des régimes communistes par eux-mêmes, sans intervention soviétique

Libération de ces territoires de l’occupation allemande sans l’intervention directe de l’armée rouge de telle sorte que ces pays évitent la tutelle soviétique ; pour le reste le processus est largement semblable …

c) Le sort de la Pologne

1. Le Contexte initial :

1.1. Un fond de misère et de souffrance issu de la guerre

1/5ème de la population polonaise massacrée et génocide de la communauté juive

d’importants déplacements de personnes du fait des modifications frontalières de 1945

1.2. Des promesses faites à Yalta

droit des peuples à disposer d’eux-mêmes

organisation d’élections libres

1.3. Un gouvernement d’Union Nationale

formé le 25 Juin1945

ossature communiste, issue du comité de Lublin

participation de libéraux

2. La mainmise communiste sur le pays

2.1. noyautage et contrôle de l’administration du pays

vigoureuse protestation des polonais de Londres

vive émotion en occident d’autant que les Soviétiques déportent en URSS des résistants polonais démocrates, taxés de … fascistes !…et que l’on n’a pas oublié la  découverte du charnier de KATYN  (les Allemands avaient découvert en 1943 les corps de plus de 5000 officiers polonais abattus vraisemblablement par l’Armée rouge en 1939)

mais l’occident assiste impuissant à l’épuration et à l’éviction des libéraux

2.2. 1946 :

Toujours pas d’élections libres prévues à Yalta

Signature d’un traité d’assistance mutuelle avec l’URSS

En conséquence les USA suspendent leur aide à la Pologne.

2.3. Les élections truquées de janvier 1947

Succès préparé des candidats prosoviétiques

Défaite définitive des anciens partisans du gouvernement de Londres

2.4. La Pologne bascule alors à l’Est

Les anciennes institutions sont abolies,

L’armée et la milice contrôlées par les communistes encadrent la population

En décembre 1948, le parti communiste absorbe les socialistes dans un parti unique : le POUP (parti ouvrier unifié polonais)

La Pologne est satellisée dans l’orbite soviétique au mépris des accords de Yalta et cela engendre un durcissement des Etats-Unis : on peut donc considérer que la Guerre froide débute à ce moment là.

B. LA RUPTURE DE 1947 et la mise en place des blocs

1°) L’Endiguement : Doctrine Truman et Plan Marshall

Le raidissement américain s’amorce dès janvier 1947 avec la nomination d’un militaire célèbre au poste de Secrétaire d’Etat, c’est à dire à la tête de la diplomatie américaine : le général Marshall.

Les USA sont désormais convaincus de la nécessité d’une politique de fermeté à l’égard de l’URSS

Il faut arrêter l’expansion du communisme, le contenir dans les limites qu’il a atteintes : c’est « l’endiguement » ou « containment »

Pour ce faire, les USA disposent de plusieurs atouts :

le monopole nucléaire

la puissance financière et économique

la CIA, qui vient juste d’être créée

a) La Doctrine Truman

•    Discours du 11 mars 1947 devant le Congrès

•    Réponse à la demande formulée par la GB déficiente aux USA pour qu’ils prennent le relais en Grèce et en Turquie. EN fait la Doctrine Truman dépasse largement le cadre de ces deux seuls pays.

•    Contenu de la doctrine

Le monde est partagé en deux systèmes radicalement opposés et engendrant des modes de vie tout à fait différents

Le monde libre à l’Ouest

Le totalitarisme à l’Est

La sécurité des USA est mise en cause et nécessite une intervention américaine partout où une agression communiste directe ou indirecte menace la paix : en fait la zone de sécurité des Etats-Unis s’étend désormais à l’ensemble du monde libre.

b) Le Plan Marshall

1. Objectifs

Relancer l’économie européenne, pour y élever le niveau de vie et diminuer le risque de contagion révolutionnaire, sachant que la misère fait le lit du communisme

Amorcer un processus d’unification européenne qui accroisse ainsi régionalement la résistance au communisme

Favoriser le plein emploi aux Etats-Unis et écarter ainsi le spectre d’une nouvelle crise économique comme celle des années 30. Les économies européennes redressées pourront absorber des exportations américaines, et la demande extérieure viendra donc compléter un marché intérieur développé mais insuffisant compte–tenu des capacités de production américaines accrues pendant la guerre.

2. Les moyens

Les USA proposent une aide économique à tous les pays qui la souhaitent

Elle va s’élever à 13.5 milliards de $ sur quatre ans (en dons ! …)

En juillet 1947 est crée l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique) qui a pour mission de distribuer aux différents états, l’aide US : les Européens se trouvent donc amenés à travailler ensemble

En juillet 48, est institué « l’European Recovery Program »

Aide assurée à 90 % par des dons en nature livrés aux gouvernements qui les vendent aux industriels à crédit.

L’activité industrielle peut donc  redémarrer, et cette contrepartie  permet aux états de consentir des prêts publics ou de financer des travaux d’infrastructure

3. Conséquence : le monde et l’Europe coupés en deux

Les pays occidentaux acceptent l’aide

reconstruction rapide, pratiquement achevée en 1950

belle réussite de l’aide en complément des efforts fournis par les pays eux-mêmes

relations plus étroites avec les USA

Les pays sous influence communiste refusent

peur de la dépendance : selon l’URSS le plan Marshall est une manœuvre impérialiste américaine pour dominer et contrôler les pays qu’ils aident.

c’est aussi selon eux le prélude à une guerre de conquête contre l’URSS

les partis communistes du monde entier partent donc en guerre contre le plan Marshall

2°) La riposte soviétique

a) L’accélération de la satellisation des pays occupés par l’armée rouge

•    Au plan politique

•    Au plan économique (collectivisation, planification)

b) La doctrine Jdanov : Septembre 1947

•    Doctrine officielle formulée par Jdanov, idéologue du Kremlin et proche collaborateur de Staline

•    Contenu :

Le monde est désormais divisé en deux camps irréconciliables :

Le camp impérialiste, antidémocratique et belliciste, conduit par les USA

Le camp anti-impérialiste, démocratique et pacifiste, conduit par l’URSS

Partout où ils le peuvent, les partis communistes doivent désormais prendre le pouvoir

c) La création du Kominform en octobre 1947

•    Officiellement un bureau d’information communiste qui assure la liaison entre les différents partis communistes

•    En réalité l’instrument de la tutelle du PCUS sur tous les autres partis communistes afin d’en contrôler étroitement et la ligne politique et les hommes : le monde communiste ne peut être que monolithique, derrière l’URSS, patrie des prolétaires.

Conclusion partielle :

Les deux blocs opposés s’affrontent désormais dans la guerre froide et l’on vit désormais dans la crainte d’un nouveau conflit mondial.

Chaque état, chaque courant de pensée, parti, association doit choisir son camp. Toute collaboration est devenue impossible et les communistes quittent les gouvernements de coalition auxquels ils participaient (avril 47 en France et mai 47 en Italie) pour prendre la tête d’un grand mouvement social qui va d’ailleurs contribuer à les isoler un peu plus encore dans un véritable ghetto politique.

C. L’EXASPERATION DES ANTAGONISMES : 1948 – 1953

Les territoires qui deviennent les enjeux de la guerre froide se déplacent au fil des ans : la guerre froide commence en Europe avant de se déplacer en Asie où elle atteint u premier paroxysme.

1°) La guerre froide commence en Europe : 1948-49

a) « Le coup de Prague » : Février 1948

1. Le contexte original de la Tchécoslovaquie

1.1. Considérable prestige de Staline en Tchécoslovaquie

Il a condamné les accords de Munich en septembre 1938

Il a libéré le pays sans détruire Prague, véritable joyau d’architecture

Il a fait se retirer l’armée rouge du pays après l’avoir libéré, fait assez extraordinaire …

1.2. Les élections de mai 1946

Coalition socialo-communiste vainqueur aux législatives, et les communistes obtiennent 35 % des voix

Le président Bénès appelle donc  le communiste Gottwald  (chef du parti majoritaire de la coalition majoritaire) pour diriger un gouvernement de coalition (dans la tradition et le respect du régime parlementaire en vigueur dans le pays)

1.3. L’étau communiste se resserre ensuite

Influence croissante dans les quartiers, les villes, les usines, l’administration, les associations  etc. …

Les ministres modérés estimant que Gottwald prépare l’installation d’une dictature communiste, démissionnent pour provoquer des élections anticipées et un remaniement en leur faveur (sauf Ian Mazaryck, libéral, ministre des affaires étrangères)

Les événements se précipitent alors.

2. Les événements du « coup de Prague »

•     Le PC organise d’imposantes manifestations des ouvriers et milices populaires = véritable démonstration de force

•    Le Président Bénès, très impressionné, cède à la pression pour éviter la violence d’une guerre civile et accepte un ministère communiste  homogène préparé par Gottwald ( =  victoire des communistes, avec accord et intervention discrète de I’URSS )

3. L’installation du totalitarisme est dès lors rapide

•    Mazaryck tombe d’une fenêtre du Palais…. suicide selon la version officielle,  probablement liquidation pure et simple : Mazaryck « aurait été suicidé »…

•    Epuration de l’administration

•    Démission du Président Bénès

•    Election de Gottwald à la présidence de la République en juin 1948.

•    Le PC absorbe ensuite ses alliés et quadrille le pays avec la milice

Conclusion partielle

La Tchécoslovaquie a désormais glissé dans le totalitarisme et la soumission aux consignes centralisatrices de Moscou.

A l’Ouest on assiste ému et impuissant au basculement de la Tchécoslovaquie à l’Ouest : le choc est considérable

b) Le problème allemand et  la première crise de Berlin : 1948-1949

1.  La conférence de Londres : avril –juin 1948

•    Impressionnés et traumatisés par le coup de Prague, les occidentaux décident donc d’accélérer dans leur zone la reconstitution d’un état allemand économiquement et politiquement fort, susceptible de faire barrage au communisme.

•    Les négociations à quatre sur le statut à donner à l’Allemagne étant dans l’impasse une fois de plus, les trois occidentaux se réunissent à Londres et prennent les décisions suivantes, qui préparent la naissance d’un nouvel état allemand à partir de leurs zones d’occupation

•    Trois décisions importantes sont prises

Création de la « trizone » par unification des trois zones occidentales d’occupation

Election d’une assemblée constituante annoncée le 7 juin 1948

Création d’une nouvelle monnaie annoncée le 20 juin 1948 (le Deutsche mark, valant un dixième de l’ancien Reichmark)

2. La réplique soviétique est immédiate : Le Blocus de Berlin-Ouest

2.1. Le Blocus de Berlin-Ouest : 24 Juin 1948

Comme le reste de l’Allemagne, Berlin est coupée en quatre zones d’occupation mais en fait en deux :

une zone orientale sous contrôle soviétique

une zone occidentale sous contrôle des USA, de la GB et de la Fr, véritable îlot occidental  de deux millions d’habitants en pleine zone soviétique

Berlin W est relié à  la trizone occidentale par trois couloirs de circulation, terrestres et aériens

Le blocus de Staline, qui commence le 24 juin 1948 consiste à bloquer tous les accès routiers et ferroviaires de Berlin-Ouest afin d’asphyxier la ville pour tenter d’en chasser les occidentaux  et de se l’accaparer.

2.2. La Riposte US

Elle est immédiate, très improvisée mais aussi très efficace : « ni abandon, ni 3ème guerre mondiale » (Truman)

Mise en place d’un gigantesque « pont aérien » pendant 11 mois : un avion cargo toutes les trois minutes sur les trois aéroports disponibles et des milliers d’avions au total qui vont transporter près de 2.5 millions de tonnes de ravitaillement en un an !!!

Parallèlement, les USA font savoir à Staline qu’ils utiliseront la force pour maintenir libres les couloirs aériens ;  la tension est évidemment très forte.

En juin 1949, Staline, impuissant à faire céder Berlin-Ouest, estime plus prudent de ne pas insister et lève le blocus, reconnaissant ainsi implicitement sa première défaite dans la guerre froide.

3. La division de l’Allemagne est dès lors consommée

3.1. À l’ouest, la R.F.A., République Fédérale Allemande

Le projet de constitution est adopté en mai l949 et la création officielle de la RFA date de septembre 1949

Le nouvel état allemand présente les caractéristiques suivantes :

Une structure  fédérale (11 länder)

Un régime parlementaire, le véritable chef de l’exécutif étant le chancelier, chef du gouvernement (le premier est Adenauer)

Une république qui reprend le drapeau noir, or et rouge de 1848

La capitale du nouvel état ne pouvant pas être Berlin est fixée à Bonn, petite ville rhénane

Berlin-Ouest

Application des lois de la RFA

Municipalité dirigée par un bourgmestre (mais avec contrôle interallié)

Emancipation progressive de la tutelle occidentale

Vitrine du redressement de l’occident : une ville lumière

3.2. À l’est, la R.D.A., République Démocratique Allemande

Erigée en république par l’URSS en octobre 1949

Démocratie populaire : régime de type soviétique centralisé avec parti unique soumis à Moscou

Intégration rapide à toutes les structures du bloc de l’est

Capitale : Berlin (est)

Une reconstruction particulièrement difficile

L’affaire de Berlin n’est pas terminée pour autant et elle rebondira lors d’une deuxième crise, entre 1958 et 1961, date à laquelle sera édifié le mur de Berlin

c) La consolidation des blocs

1. La consolidation du bloc occidental

1.1. Sur le continent américain

1947 = traité de Rio avec 20 états américains

1948 = O.E.A. (Organisation des Etats Américains)

1.2. L’Alliance Atlantique

Le traité de Bruxelles

Alliance défensive signée entre la France la GB, le Bénélux en mars 1948

Insuffisant pour assurer la sécurité européenne face à l’URSS

Les Européens demandent donc l’appui américain pour assurer la sécurité européenne (« parapluie américain »)

Signature du traité de l’Atlantique Nord : le TAN (4 avril 1949)

Traité d’alliance défensive entre les pays des deux rives de l’Atlantique Nord : tout pays agressé recevra donc le soutien des autres

Il rassemble

Les USA, le Canada et l’Islande

La Norvège, le Danemark, la GB, le Bénélux, la France, l’Italie, le Portugal

La Grèce et la Turquie depuis 1952

L’O.T.A.N. : 1950

Organisation du Traité de l’Atlantique Nord

Organisation stratégique intégrant les forces militaires des états membres de l’alliance atlantique sous un commandement unique

Mise au point de divers scénarios stratégiques, des missions spécifiques étant attribuées aux armées des états membres en cas d’agression soviétique

Le premier Commandant suprême des forces intégrées  en Europe fut le Gl Eisenhower. En fait, l’OTAN est largement sous le contrôle américain

1.3. Les débuts de l’unité européenne

Les débuts de l’unité européenne sont liés à une triple crainte :

La menace de l’expansionnisme communiste

Le risque d’une hégémonie américaine

La peur d’une résurrection du militarisme allemand

Diverses étapes marquent cette construction progressive

Création de l’OECE en juillet 1947

Création du Conseil de l’Europe

traité de Londres en mai 1949

siège à Strasbourg, prévoit une coopération entre états, prône la défense des Droits de l’Homme, n’a guère qu’un rôle consultatif sur les plans culturel et politique.

Création de la CECA

Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier : Traité de Paris, avril 1951

Première communauté  de l’Europe des 6, rassemblant les 3 pays du Bénélux, l’Italie, l’Allemagne et la France

Objectif : coordonner les productions de fer, charbon et acier et créer ainsi des solidarités de fait entre les pays

Echec de la CED

Signature du traité de Paris en mai 1952 par les Six afin de créer une armée commune sous l’autorité d’institutions communautaires

Le projet avorte finalement car si cinq pays le ratifient, la France s’y refuse en 1954 après deux ans de tergiversations, sous la triple opposition des gaullistes, hostiles à tout abandon de souveraineté nationale, des communistes (du fait de l’hostilité de Moscou qui y voit une menace contre l’URSS), et des députés qui refusent tout réarmement de l’Allemagne.

L’Allemagne sera malgré tout réarmée, les USA imposant l’intégration de la RFA dans l’OTAN dès octobre 54, du fait de l’échec de la CED …

Création de l’UEO

Union de l’Europe Occidentale (Traité de paris en octobre 1954)

Le Pacte militaire signé à Bruxelles par la GB, la Fr et le Bénélux est élargi à l’Allemagne et à l’Italie

l’UEO reste aujourd’hui encore la seule organisation d’Europe occidentale compétente en matière de défense. (En 1988, l’Espagne et le Portugal adhérent aussi  à l’Union.)

La Création de la C.E.E  en mars 1957

Les six signent le traité de Rome en mars 1957, qui institue la Communauté Economique Européenne et Euratom (Commissariat européen à l’Energie  Atomique), étapes décisives de la construction européenne.

Entrée en application dès le 01.01.1958, avec comme perspective à court terme la construction d’un marché commun, et comme perspective à plus long terme, l’union économique

2. La consolidation du Bloc de l’Est

2.1. L’intégration idéologique

A l’Ouest, Grande campagne idéologique sur la paix

Création du « Mouvement de la paix » en août 1948  et « Appel de Stockholm » en 1950 pour l’interdiction de l’arme atomique

Dans un cas comme dans l’autre ce sont les communistes qui en ont le contrôle. D’ailleurs les Yougoslaves sont exclus du mouvement de la paix dès le premier congrès qui se tient à Rome … C’est dire !

Il s’agit pour les communistes d’apparaître comme les seules grandes forces de paix face au bellicisme américain

A l’Est l’URSS impose son modèle idéologique et culturel

Lutte contre les Eglises catholique et orthodoxe

Encadrement de la vie intellectuelle et artistique

Enseignement obligatoire de la langue russe, véhicule de la nouvelle idéologie

2.2. L’intégration économique : le CAEM

Le CAEM (Conseil d’Assistance Economique Mutuel) ou COMECON  est institué en 1949

Sa fonction est triple :

Favoriser la propagation du modèle soviétique (collectivisation des terres, priorité à l’industrie lourde … etc.)

Favoriser et planifier les échanges commerciaux entre les pays du bloc de l’est

Organiser la division internationale du travail

En fait, le CAEM assure la tutelle de fait de Moscou sur les autres économies de l’Est qui deviennent vite dépendantes de l’URSS, principal marché pour leurs produits et principal fournisseur d’énergie

2.3. La stalinisation accentue la satellisation

Les communistes nationaux sont éliminés et remplacés par des communistes staliniens fidèles et totalement dévoués  à Staline

Moyen utilisé : de grandes purges avec des procès truqués, des actes d’accusation extravagants (« titisme », « trotskisme », « sionisme »…), des autocritiques insensées des accusés

Exemples : Gomulka (Pologne) est écarté, Rajk est condamné à mort et exécuté (Hongrie, 1949) et Slansky connaît le même sort (Tchécoslovaquie 1952)

2.4. L’intégration militaire

Elle est pratiquement en place dès les lendemains de la guerre mais il faut attendre les successeurs de Staline pour l’officialiser

Le Pacte de Varsovie est ainsi créé en 1955 avec intégration des forces militaires du bloc de l’Est et commandement soviétique. (la Yougoslavie n’en est pas)

Double fonction

Assurer la défense du bloc face à l’impérialisme occidental

Maintenir ses propres membres dans le bloc de l’est en cas de défaillance ou de trahison de l’un d’eux

Conclusion partielle :

En 1949, l’Europe ne compte pratique plus une « case vide » échappant au contrôle de l’un des super grands. Ce partage de l’Europe n’est donc pas le fruit de Yalta, mais de quatre années de méfiance réciproque et de ruptures… La guerre froide va donc désormais se déplacer sur un autre continent, en Asie.

2°) L’Asie entre en scène :1949-1953

a) La victoire communiste en Chine en octobre 1949

1. Une longue guerre civile.

1.1. De 1927 à 1937 la Guerre civile sévit en Chine qui oppose

Les communistes de Mao Zedong ( Mao Tsé Toung )

Les nationalistes du Guomindang de Jiang Jieshi (Tchang Kai Tchek)

1.2. De 1937 à 1945, arrêt de la guerre civile avec la guerre contre le Japon :

Il existe un « Front uni » contre le japon qui contrôle la Chine utile du nord et de l’est

En fait les nationalistes sont regroupés au sud autour du bassin du Sichuan et les communistes contrôlent des bases rouges dans le nord (dans le Shanxi)

1.3. La reprise de la guerre civile 1946-49

Après une trêve fort brève la guerre civile reprend en juillet 1946, d’abord à l’avantage des armées nationalistes, les communistes reprenant l’initiative à partir de  juillet 1947

Les communistes pratiquent la stratégie de l’encerclement des villes par les campagnes et viennent progressivement à bout d’un régime à bout de souffle, corrompu et incapable tant sur le plan économique (hyperinflation) que sur le plan militaire

Pékin tombe en janvier 1949

Shanghai en mai 49

Canton  en octobre 1949

1.4. La victoire communiste

Le 01.10.49 Mao proclame la république Populaire de Chine et la nouvelle Assemblée nationale élit bientôt Mao à la présidence de la république

Jiang Jieshi se réfugie à Taiwan (Formose) sous la protection de la VIIème flotte américaine … (et avec toute l’encaisse or de la Chine)

2. Le rapprochement Chine-URSS

•    Il existe de sérieuses divergences idéologiques entre Staline et Mao et Staline a fort peu encouragé les communistes chinois dans la lutte qu’ils ont menée.

•    Toutefois, une fois la victoire acquise par Mao …

L’URSS signe un « traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle »avec la Chine Populaire en février 1950

L’URSS apporte en outre une assistance technique et financière à la Chine

Elle demande le retrait de la Chine nationaliste de l’ONU et devant le refus des USA, boycotte l’ONU et ses organismes

3. L’édification du socialisme : l’imitation du modèle soviétique (1953-57)

•    Après une brève période de transition (1949-52) et de reconstruction la Chine entame ensuite une phase de développement sur le modèle soviétique.

Planification quinquennale (Premier Plan : 1953-57)

Collectivisation des terres (avec vaste mouvement coopératif) comme des activités industrielles

Priorité absolue à l’industrie lourde

Gigantisme des réalisations

Même système politique avec une constitution adoptée en 1954 et totalement inspirée de celle de l’URSS de 1936

•    La Chine communiste va désormais jouer un rôle actif en Extrême-Orient et contribuer à l’extension de la guerre froide en Asie.

b) La Guerre d’Indochine (1946-54) s’inscrit bientôt dans la guerre froide

1. évolution de la nature de la guerre

•    La guerre d’Indochine est une guerre qui s’inscrit dans un premier temps dans le cadre de la décolonisation ; d’ailleurs les USA condamnent la France qui mène selon eux un combat d’arrière-garde.

•    Mais le Viêt-minh (Front de l’Indépendance du Vietnam) est en fait contrôlé par Ho Chi Minh et les communistes vietnamiens, et lorsque la Chine devient communiste, elle aide le Viêt-minh dans son combat contre la France (tout comme elle assiste par ailleurs les Coréens du Nord).

•    A partir de 1950, les USA apportent donc leur soutien à la France, notamment sous une forme financière (contribution pour 1/3 aux dépenses militaires françaises) mais cela ne suffit pas à vaincre le Viêt-minh qui finit par l’emporter sur le terrain à la bataille de Dien Bien Phu en mai 1954

2. Les accords de Genève (juillet 1954) mettent fin à cette guerre

•    indépendance du Laos du Cambodge et du Vietnam,

•    partition du Vietnam de part et d’autre du 17ème parallèle, en attendant des élections libres qui n’auront jamais lieu :

Au nord, un Vietnam communiste dirigé par Ho Chi Minh   (capitale : Hanoi)

Au sud, un Vietnam non-communiste, soutenu par les occidentaux, et surtout les Américains ( capitale : Saigon)

c) La guerre de Corée : 1950-53

1. La partition de La Corée

•    Ancienne colonie japonaise depuis 1910

•    Depuis août 45, occupation conjointe par l’URSS au nord du 38ème // et par les USA au sud du 38ème  // conformément à Potsdam

•    En 1948, les deux zones d’occupation s’érigent en états :

Au sud : élections Libres  Corée du S dirigée par Syngman Rhee et reconnue par ONU

Au nord, en septembre, création de la République Populaire de Corée, dirigée par Kim Il Sung

•    Evacuation des ex-alliés

URSS quitte la Corée du Nord en décembre 48

USA quittent la Corée du sud en juin 49

2. les différentes phases d’une guerre chaude

2.1. L’agression nord coréenne : juin – août 1950

Invasion de la Corée du Sud par le Nord  (après de multiples incidents de frontière) avec prise de Séoul en trois jours ; la Corée du sud est bientôt presque intégralement conquise à l’exception d’une poche au SE du pays

En l’absence de l’URSS, qui boycotte l’ONU, les USA obtiennent de l’organisation la condamnation de l’agression Nord coréenne et l’envoi d’un corps expéditionnaire (international puis que constitué par 16 pays, mais essentiellement américain) dirigé par le général Mac Arthur

2.2. La contre-offensive US : septembre – octobre 1950

Les troupes américaines reconquièrent le sud, franchissent le 38ème // et s’enfoncent en Corée du Nord, étant bientôt en mesure de réunifier la Corée sous l’égide de S. Rhee.

Cependant les troupes s’approchent dangereusement de la frontière chinoise, ce pays, qui sert de base arrière aux communistes coréens, se sentant menacé.

2.3. Intervention et contre-offensive chinoise

Les « volontaires » chinois mettent en déroute les troupes de l’ONU qui doivent même reculer jusqu’au sud du 38ème // ; Séoul doit même être évacuée en janvier 1951

Mac Arthur parvient cependant à reprendre position sur le 38ème //

2.4. Stabilisation du front 1951-53

Véritable guerre de positions, les deux armées s’enterrant dans des positions fortifiées, des vagues successives de chinois et coréens du nord venant mourir au pied des positions américaines

Mac Arthur envisage de s’attaquer à la Chine et demande l’utilisation contre elle de l’arme atomique, trouvant dans l’opinion américaine, largement séduite par le Maccarthysme, un écho favorable. Mais ce serait alors provoquer l’entrée en guerre de l’URSS et la mondialisation du conflit. Truman s’y oppose et démet Mac Arthur de ses fonctions. Il est remplacé par le Gl Ridgway.

Des négociations s’ouvrent à Pan Mun Jon sur la ligne de front, en 1951, qui aboutissent à un armistice et à une paix blanche en Juillet 1953, après la mort de Staline ;  la nouvelle ligne de démarcation serpente autour du 38ème //.

3. Le bilan de la guerre

•    Environ 5 millions de morts dont pratiquement les 2/3 de civils …et un pays complètement dévasté

•    A la fois un prototype et un paroxysme de la guerre froide

Le conflit reste localisé mais avec une sérieuse menace d’extension au monde

Il engendre une montée d’anti-américanisme chez les communistes et une profonde vague d’anticommunisme dans l’autre camp (notamment avec le Maccarthysme aux USA)

•    L’impact international

L’URSS et la Chine sortent grandies du conflit pour avoir mis en échec les USA

Les USA ont manifesté clairement à la face du monde que l’endiguement n’est pas un vain mot et prouvé leur volonté et leur capacité de riposte.

d) L’Asie vers 1954-55 : bilan

1. Le communisme a sérieusement progressé :

Chine, Corée du Nord, Vietnam du Nord.

2. Les USA organisent l’endiguement en Asie

2.1. Les accords bilatéraux

Engagement à défendre Taiwan contre toute agression chinoise

Traité de paix de San Francisco avec le Japon en juillet 1951

Face à la montée du communisme, le Japon doit devenir un pôle solide du monde libre en Asie, une sorte de base US à protéger et à consolider

Le Japon retrouve donc sa souveraineté, renonce solennellement à la guerre, assure sa sécurité par la protection américaine

Arrêt de la décartellisation et du démantèlement de l’industrie japonaise, puis aide financière à la reconstruction japonaise

2.2. Les nouveaux pactes

L’ANZUS : Septembre 1951

3 états blancs du Pacifique : l’Australie, la Nouvelle Zélande et les USA

Organisation moins rigoureuse que l’OTAN.

L’OTASE : Conférence de Manille en 1954

Organisation des Territoires de L’Asie du Sud-est

Australie, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Thaïlande, Philippines, France, GB, USA

Pas de forces permanentes

Dissolution en 1977

Le Pacte de Bagdad

Il achève l’encerclement de l’URSS et du monde communiste au sud

Il est signé en 1955 et regroupe la Turquie, l’Irak, l’Iran, le Pakistan, la GB

Remarques :

Certains pays refusent la logique de la guerre froide, notamment l’Inde, et la conférence afro-asiatique de BANDOUNG en 1955 peut être déjà considérée comme l’expression de cette logique

Par ailleurs, chacun des deux blocs est affecté par des conflits internes (schisme yougoslave à l’Est, conflit israélo-palestinien à l’Ouest)

II. 1953-1962 : LE DEGEL ET L’EQUILIBRE DE LA TERREUR

1953 est une année tournant avec

La mort de Staline,

L’armistice en Corée

La première bombe H soviétique

Evolution des relations E-W

Les deux grands entrent désormais dans une phase dite de « coexistence pacifique », ce qui entraîne un certain dégel des relations E-W sans pour autant que les tensions sporadiques disparaissent

Les deux grands règlent désormais leurs rapports sur deux principes implicites

Ne pas intervenir dans la zone d’influence directe de l’autre

Eviter la guerre nucléaire

A. LA COEXISTENCE PACIFIQUE : UNE COEXISTENCE FORCEE

1°) Changement de politique extérieure au Kremlin

Après la mort de Staline et avec l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle équipe dirigeante bientôt dominée par  Khrouchtchev, une nouvelle ligne de politique extérieure est mise en œuvre, plus souple avec l’occident.

a) La « coexistence pacifique »

1. La théorie

•    Elle est formulée en 1956 au XXème congrès du PCUS, mais en fait déjà en application depuis 1953

•    La guerre avec les puissances impérialistes n’est plus inévitable : les deux systèmes peuvent donc exister côte à côte dans la paix.

•    L’objectif à long terme comme le sens de l’histoire restent bien sûr la victoire du socialisme, mais la compétition avec le camp adverse se limitera au terrain politique, idéologique et économique, et l’inéluctable victoire du socialisme se  fera sans la guerre.

2. Les références idéologiques et historiques

•    Lénine et la théorie du « répit » formulée  au moment de l’armistice de Brest-Litovsk

•    Staline et la théorie de la « construction du socialisme dans un seul pays »

b) Les causes de ce revirement

1. L’équilibre de la Terreur

•    Prise de conscience des risques d’une guerre nucléaire, chacun pouvant maintenant intégralement détruire son adversaire, mais pouvant aussi être largement détruit en seconde frappe : mieux vaut éviter l’affrontement direct pouvant conduire à une guerre mondiale nucléaire qui pourrait anéantir une bonne partie de l’humanité !

•    L’arme nucléaire s’intègre donc dans une stratégie de dissuasion.

2. La fin du complexe de citadelle assiégée pour l’URSS

•    La possession de l’arme nucléaire confère un sentiment de sécurité à l’URSS : à l’ère des bombes thermonucléaires et des fusées porteuses, il est possible de frapper n’importe quel point de la planète en un temps extrêmement réduit.

3. Les grands projets économiques et sociaux

•    Khrouchtchev projette de dépasser la puissance économique et le niveau de vie des américains vers les années 80.

•    Une longue période de paix est donc nécessaire pour cela ; la coexistence pacifique permettrait de freiner la course aux armements et de dégager les capitaux nécessaires pour les investissements importants à réaliser

c) Les conséquences directes sur la politique extérieure de l’URSS

1. L’URSS redéploie sa diplomatie en direction du Tiers-monde

•    L’URSS sort de son réduit continental et se met en situation d’exploiter tous les conflits liés à la décolonisation : les puissances coloniales étant toutes capitalistes, la décolonisation s’accompagne généralement d’une vague d’anti-impérialisme et le socialisme peut donc apparaître séduisant aux nouvelles élites.

•    La victoire sur le capitalisme sera donc obtenue par la périphérie et non par le centre, dans le Tiers-monde et non par une stratégie frontale trop dangereuse.

2. Une attitude plutôt offensive face au bloc occidental

•    L’URSS se met en position de profiter de toutes les fissures du bloc occidental, que le dégel des relations devrait d’ailleurs révéler.

La guerre froide a renforcé la cohésion du bloc occidental, la coexistence pacifique devrait détendre les liens, faire apparaître des divergences : à l’URSS d’entrer dans les brèches pour travailler à son effritement

Cf. crise de Suez

•    Pb : Des difficultés semblables ne risquent-elles pas d’affecter le bloc socialiste et de le menacer aussi d’éclatement ? Si la cohésion ne doit plus être vitale et totale à l’Ouest, pourquoi le serait-elle à l’Est ?

2°) Côté américain, pas de véritable rupture en politique extérieure

a) Un langage apparemment plus offensif

•    Pendant la campagne électorale de 1952, le futur président Eisenhower critique l’endiguement de Truman.

•    Son secrétaire d’état, Foster Dulles, est quant à lui favorable au « roll back », c’est à dire au refoulement des soviétiques sur leurs positions d’origine.

•    Nouvelle doctrine militaire aussi

Doctrine des représailles massives (toute attaque de l’URSS, de quelque nature qu’elle soit engendrera  une riposte américaine immédiate et générale en n’importe quel point du bloc socialiste

Stratégie anti-cités ( l’arme nucléaire  est pointée sur les villes du bloc de l’Est et non pas seulement sur les objectifs militaires

En fait si la Maison Blanche durcit le ton, c’est davantage à usage intérieur pour satisfaire une opinion largement maccarthyste, qu’à usage extérieur

b) En réalité la politique extérieure US est plus pragmatique

•    En réalité les USA pratiquent une sorte d’endiguement renforcé et s’appuient pour ce faire sur toute la gamme des moyens dont ils disposent et pas exclusivement sur leur arsenal nucléaire.

•    Les réseaux d’alliance (nombreux pactes signés avec Foster Dulles)

•    Les bases militaires nombreuses dans le monde

•    La diplomatie du $ et les investissements extérieurs

•    La puissance de la CIA

3°/ De 1953 à 55, le dégel des relations internationales

a) Les améliorations du climat international

•    Janvier 54 : conférence à 4 sur l’Allemagne :

Illustration de la reprise du dialogue

Echec, mais accord pour une conférence internationale pour régler les problèmes en Asie

•    1954 la conférence de Genève met fin à la guerre d’Indochine ;

Première présence officielle remarquée de la Chine populaire dans une conférence internationale (ministre des affaires étrangères Zhou En Laï)

•    1955 : réconciliation spectaculaire de L’URSS avec la Yougoslavie de Tito avec le voyage de Khrouchtchev à Belgrade où il reconnaît les erreurs passées de L’URSS

Reconnaissance des formes différentes, nationales, de construction  du socialisme

Un atout aussi dans la mesure ou Tito est très écouté dans le tiers monde et où cela peut donc faciliter l’offensive diplomatique de l’URSS dans cette nouvelle direction

•    1955 : conférence de Vienne entre les 4 grands

Souveraineté restituée à l’Autriche

Premier accord européen négocié en Europe depuis la fin de la guerre

•    Janvier 1956 : visite de Boulganine et Khrouchtchev en GB : offensive du sourire

b) La non-intervention dans la zone d’influence de l’autre

•    Les USA et le bloc de l’Ouest ne font que condamner verbalement les agressions menées par l’URSS à l’intérieur de son bloc, mais n’interviennent pas :

•    Ni en 1953 lorsque les chars soviétiques écrasent une révolte ouvrière à Berlin Est

•    Ni en 1956 lorsque les chars soviétiques écrasent l’insurrection populaire de Budapest en Hongrie

c) Mais la méfiance persiste toujours

•    1955 = entrée de la RFA dans le Pacte Atlantique et l’OTAN (avec réarmement de l’Allemagne)

•    1955 = naissance du Pacte de Varsovie en mai 55 (en fait institutionnalisation de relations déjà en vigueur auparavant)

Faire face à l’OTAN

Préserver le socialisme dans le bloc en y intervenant au cas où un des membres le remettrait en cause

La Détente  survivra aux deux crises de Hongrie et de Suez en 56, mais en 1957, le lancement du Spoutnik provoque un électrochoc aux USA. Ces derniers sont choqués de n’être pas les premiers dans la course à l’espace qui s’engage désormais et qui devient une autre expression de la guerre froide. Ils sont aussi désormais  inquiets car ils se sentent à présent menacés sur leur propre territoire que les soviétiques pourraient atteindre puisqu’ils maîtrisent à l’évidence la technologie des fusées à longue portée…

B. LE CHAUD ET LE FROID : LES CRISES DE 1956 à 1962 ILLUSTRENT LES ASPECTS ET LES LIMITES DE LA COEXISTENCE PACIFIQUE

1°) L’URSS dans la crise de Suez : 1956

•    Crise engendrée par la nationalisation de la Compagnie Internationale du Canal de Suez, société surtout dominée par des intérêts anglais et français.

•    Intervention militaire israélo-anglo-française et déroute de l’armée égyptienne.

•    Mais échec politique cuisant des occidentaux du fait

Les USA, mécontents d’une opération menée sans eux et à leur insu ne soutiennent pas les franco-anglais dans leur entreprise ; au contraire, ils utilisent l’arme pétrolière contre la GB et spéculent contre la £

L’URSS se présente en défenseur efficace des jeunes états du Tiers Monde menacés par un retour offensif des anciennes puissances coloniales, défend l’Egypte et s’agite violemment, lançant un ultimatum à la France et à la GB pour les enjoindre à cesser immédiatement leur agression, menaçant Paris et Londres du feu nucléaire ! Détermination réelle ? Bluff ?

La GB cède immédiatement, et la France, isolée ne peut que suivre …

Des Casques Bleus de l’ONU vont relayer sur place les soldats français, anglais et israéliens qui quittent bientôt l’Egypte. …

2°) La seconde crise de Berlin : 1958-1961

= Conflit en plusieurs temps, rouvert  par Khrouchtchev

a) les origines

1. Les motivations de « K »

Il veut pousser plus loin l’avantage que lui confère le lancement du Spoutnik en 1957 (URSS première dans la course à l’espace d’où un véritable traumatisme dans l’opinion américaine)

Il hésite entre détente et tension mais tient à donner des gages aux partisans d’une politique plus dure à l’égard de l’occident du fait des critiques conjuguées des Chinois et des adversaires de sa politique en URSS même.

2. l’offensive soviétique de novembre 1958

« K » relance une nouvelle crise en exigeant la transformation de Berlin en une ville libre neutralisée (A défaut l’URSS signerait avec la RDA un traité de paix séparé lui donnant le contrôle des accès de Berlin pour s’opposer aux mouvements de troupe entre la RFA et Berlin)

En fait il s’agit évidemment d’une étape pour chasser les occidentaux de Berlin W

Les Soviétiques multiplient contrôles et entraves à la circulation autour de la ville, mais les occidentaux refusent la moindre concession

b) un relatif dégel à l’automne

Voyage de « K » aux USA et rencontre à Camp David avec Eisenhower

Aucun accord concret ne sort de l’entrevue mais ce voyage illustre tout de même une certaine détente entre les deux supergrands

c) regain de tension au printemps 1960

1. L’affaire de l’avion U2

•    Un avion espion américain U2 est abattu au-dessus du territoire soviétique et son pilote fait prisonnier

•    C’est évidemment là une excellente occasion pour « K »de dénoncer l’attitude américaine et de relancer la crise

•    En mai 1960, la conférence de Paris qui tentait de trouver une solution définitive au problème allemand échoue donc totalement

2. La conférence de Vienne  en juin 1961 : la rencontre des 2 « K »

•    Khrouchtchev estime que Kennedy est moins déterminé et moins ferme que son prédécesseur

•    La question de Berlin cristallise la mésentente et Khrouchtchev agite la menace nucléaire

•    Réaction de Kennedy : il augmente les effectifs US en Allemagne !

3. « Le Mur de Berlin » : 13 Août 1961

3.1. L’édification du mur de la Honte

Fermeture des frontières de Berlin-Est et arrêt du métro

Pose de barbelés, puis édification d’un mur de 46 Kms de long, de deux mètres d’épaisseur, de 3 à 6 mètres de haut, avec un no man’s land de 200 à 400 mètres avec miradors et barbelés ; les points de passage sont réduits à un tout petit nombre et sévèrement contrôlés

3.2. Le passage d’Est en Ouest est désormais impossible

De 1950 à 1960 ce sont plus de deux millions d’Allemands de l’est qui sont passés à l’ouest, en RFA, via Berlin-Est puis Berlin-Ouest, les associations de réfugiés.

A défaut de voter avec un bulletin de vote, « ils votaient avec leurs jambes » et cela constituait un désaveu du régime communiste inacceptable pour la RDA et l’URSS

C’étaient en outre les forces vives du pays qui le quittaient, une population d’adultes jeunes et le plus souvent qualifiés (cadres et techniciens), d’où une entrave de plus au développement de la RDA

C’en est désormais fini …

Conclusion partielle

Les occidentaux renoncent à réagir dans la mesure ou les intérêts vitaux des USA et de la RFA ne sont pas en cause ; En Juin1963, lors d’une tournée en Europe, Kennedy apportera son soutien aux berlinois en se rendant à Berlin-Ouest et en y proclamant « Ich bin ein Berliner »

Les Soviétiques renoncent à fixer un délai pour la neutralisation de la ville, abandonnant ainsi implicitement leur revendication sur Berlin.

C’est dans ce contexte déjà extrêmement tendu qu’éclate la crise la plus grave de l’après-guerre : l’affaire des fusées.

3°) La crise de Cuba : Octobre 1962

a) La situation politique de Cuba à la veille de la crise

1. Relations tendues avec les USA et rapprochement avec l’URSS

•    En janvier 59, la révolution castriste des « barbudos » triomphe du régime dictatorial de Batista, et Fidel Castro devient Premier ministre en février

•    La réforme agraire est décrétée en 1959

•    En février 1960, l’U.R.S.S. passe un premier accord sur le sucre

•    En août 1960 embargo américain sur le commerce avec Cuba

•    En octobre 1960 nationalisation d’intérêts américains à Cuba

•    En janvier 1961, c’est la rupture diplomatique entre Washington et La Havane

2. 1961 : échec du débarquement de la baie des cochons

•    En avril 1961 la tentative de débarquement d’exilés cubains anti-castristes dans la baie des cochons échoue lamentablement

•    Elle avait le soutien de la CIA et une logistique américaine ; c’est donc aussi un échec pour Kennedy (manque d’expérience ? manipulation par la CIA ?)

•    Conséquences :

Vive condamnation latino-américaine

Castro proclame Cuba « république socialiste ».

Cuba se tourne davantage vers l’URSS et demande des armes et des fusées pour assurer sa défense face aux USA

b) La crise des fusées.

14 octobre 1962

•    Un avion U2  américain repère des rampes de lancement de missiles à Cuba ; une nouvelle mission est organisée avec prise de photos qui apportent la preuve de la présence

de bases de lancement de fusées

de conseillers soviétiques

de bombardiers Iliouchine

d’une quarantaine de fusées de 1500 à 3000 Kms de portée

•    En mer, 26 navires soviétiques font route vers Cuba avec probablement les ogives nucléaires, qui pourraient être installées et opérationnelles en une dizaine de jours

22 Octobre 1962

Discours très ferme de Kennedy à la télévision, photos à l’appui

Mise en quarantaine de Cuba avec blocus de l’île par la flotte américaine

Les USA s’arrogent un droit de contrôle en pleine mer des navires soviétiques pour interdire l’importation à Cuba des ogives nucléaires

Mise en état d’alerte générale des forces américaines

En outre les USA préparent une attaque aérienne sur Cuba pour y détruire les installations militaires soviétiques (mais Kennedy ne veut pas commencer par cette solution qui serait une agression caractérisée.)

Le monde suit désormais avec anxiété l’avance des cargos soviétiques qui s’approchent des bâtiments de l’US Navy, tout incident naval pouvant entraîner la IIIème guerre mondiale, nucléaire cette fois-ci : le monde est au bord du gouffre…

26 octobre 1962

Lettre de Khrouchtchev à Kennedy laissant entendre qu’il est prêt à négocier

29 octobre 1962

La crise se dénoue après une semaine terrifiante et le monde respire mieux …

L’URSS recule et fait faire demi-tour à ses navires, promet en outre de retirer missiles, fusées et autres bombardiers de Cuba

Les USA s’engagent en contrepartie à ne pas attaquer Cuba et à démonter leurs fusées, au reste démodées, de Turquie

c) Bilan de la crise

1. Un gros succès personnel pour Kennedy

Il est devenu en quelques jours le héros de l’ère nucléaire, sachant rester modéré et sobre dans la victoire

Ce succès contribuera largement à développement du « mythe Kennedy »

2. Un sérieux échec pour Khrouchtchev

Il perd beaucoup de son crédit dans le Tiers-monde

Il est accusé par les Chinois d’aventurisme et de capitularisme

Il  suscite un mécontentement important dans les milieux dirigeants soviétiques qui n’apprécient guère ce coup de poker qui a échoué et il est vraisemblable que cela joue un rôle dans son élimination du pouvoir en octobre 1964

3. Point culminant de la guerre froide et début d’un réel processus de détente

Dès juin 1963 installation du « téléphone rouge », ligne directe de télex entre le Kremlin et la Maison Blanche pour un recours au dialogue direct en cas de nouvelle crise

En août 1963, signature du traité de Moscou par lequel les signataires s’interdisent les essais nucléaires atmosphériques (la France et la Chine ne le signeront d’ailleurs pas)

III. 1962–1975 :  LA DETENTE.

A. ORIGINES ET PRINCIPES

1°) Les origines

La détente a en  partie des origines semblables à la coexistence pacifique, lesquelles remontent donc pour l’essentiel à 1956

a) Des origines semblables à celles de la coexistence pacifique :

1. L’équilibre de la terreur :

Toute attaque nucléaire décisive en première frappe est impossible et entraînerait une riposte en seconde frappe par trop meurtrière et destructrice ; la dissuasion condamne donc, sinon à l’entente, du moins à la détente.

La négociation doit être privilégiée pour éviter toute menace de guerre, le risque nucléaire étant trop grand

Tout affrontement direct serait donc suicidaire et il faut donc l’éviter

Respecter la zone d’influence directe de l’autre est donc une nécessité absolue : chaque camp est libre d’imposer son hégémonie dans  sa zone d’influence mais doit se garder d’intervenir dans l’autre camp

Maintenir l’équilibre nucléaire entre les deux blocs est donc une nécessité : il ne faut donc surtout pas se laisser dépasser dans la course aux armements qui continue…

2. La nécessité de diminuer les dépenses militaires

pour pouvoir financer les grands projets économiques et sociaux intérieurs

La résorption de la pauvreté aux USA avec la « Grande Société de Johnson »

Le rattrapage du niveau de développement des USA en URSS avec rêve de pouvoir passer du stade du socialisme à celui du communisme

b) Le pragmatisme des nouvelles équipes dirigeantes

1. Richard Nixon et sa  « realpolitik »

Nixon (Elu en 1968 et réélu en 1972, démissionnaire en 1974) et son conseiller puis secrétaire d’état H.Kissinger, entendent mener une politique réaliste, s’appuyant sur le monde tel qu’il est et non sur l’idéologie.

Ayant pris conscience du déclin relatif des USA ils préfèrent substituer la négociation à la confrontation, les USA n’ayant plus les moyens de jouer à eux seuls les gendarmes du monde

A l’intérieur du bloc de l’W, les USA ne comptent plus intervenir systématiquement, leurs alliés devant prendre une part plus active à leur défense

2. Léonid Brejnev en URSS

Arrivé au pouvoir en 1964, Brejnev et la nouvelle équipe dirigeante se satisfait d’une situation permettant à l’URSS de dominer une partie du monde en consolidant les positions acquises en 1945

A l’intérieur du bloc de l’Est, la doctrine Brejnev est celle de « la souveraineté limitée » : aucun pays socialiste ne doit changer de camp et si le risque se présentait, il serait du devoir de l’URSS et du pacte de Varsovie d’intervenir

2°) La multipolarité du monde et le condominium Est-Ouest

•    D’autres pôles de décision s’imposent progressivement dans le monde qui remettent en question la domination absolue des deux supergrands, que ce soit à l’intérieur des blocs (Europe, Japon, Chine) ou à l’extérieur (Tiers-monde).

•     Si les deux grands veulent continuer à dominer le monde, à le maîtriser pour éviter que des conflits ne dégénèrent et ne s’étendent, le cas échéant en un conflit généralisé, il faut désormais le faire ensemble, et non face à face. C’est ainsi que se met en place la notion de condominium qui exprime la volonté de domination conjointe des deux supergrands

•    Les deux supergrands se veulent donc les gendarmes du monde, mais désormais en équipe !

B. LA GUERRE DU VIETNAM, OU LES LIMITES DE LA DETENTE.

1°) Les origines du conflit et l’engrenage de la guerre

a) la naissance du FNL

•    Les autorités du Sud, soutenues par les États-Unis, refusent d’envisager la réunification des deux zones situées de part et d’autre du 17e parallèle qui ont été définies par les accords de Genève de 1954 : Diem, maître du pays après le départ des français refuse d’organiser tout référendum sur cette question

•    La dictature de Diem, très anticommuniste,  suscite le développement d’une opposition composite de libéraux, bouddhistes et communistes regroupés dans un Front National de Libération ( FNL) créé en 1960 et bientôt essentiellement contrôlé par les communistes.

•    Les forces armées du FNL, ou « Vietcongs », pratiquent la guérilla depuis 1959 contre le régime de Diem et obtiennent le soutien des nord-viêtnamiens

b) Les premières interventions américaines

1. L’envoi de conseillers américains au Vietnam

•    Kennedy entre dans l’engrenage d’une longue guerre en décidant d’aider le gouvernement de Saigon : entre 1961 et 1963, 17 000 «conseillers militaires, sont envoyés au Vietnam du Sud pour encadrer l’armée du sud.

•    Cette intervention est effectuée en vertu de la « théorie des dominos ». Il ne faut pas qu’un pays tombe sous l’emprise communiste, sinon il entraînera ses voisins dans sa chute les uns après les autres.

•    L’intervention américaine est donc exclusivement liée à l’endiguement, à des considérations politiques et stratégiques et en aucune façon à des intérêts économiques.

2. Les actions de la CIA

•    En Novembre 1963, coup d’état militaire avec assassinat de Diem, avec la complicité de la CIA

2°) L’escalade et l’enlisement

a) Le tournant de 1964

•    Le Sud Vietnam est alors au bord de l’effondrement et les USA mènent des opérations militaires secrètes.

•    L’incident du golfe du Tonkin (attaque de bâtiments américains par des vedettes nord-viêtnamiennes) fournit au président Johnson le prétexte à un engagement militaire massif combinant opérations au sol au sud Vietnam et attaques aériennes sur le nord.

b) d’énormes moyens mis en œuvre par les Américains, mais en vain

1. les bombardements du Nord Vietnam

•    A partir de 1965, commencent des bombardements particulièrement meurtriers sur le Nord Vietnam : les B 52 américains vont déverser plus de 634 000 tonnes de bombes en 3 ans, c’est à dire plus que l’Europe n’en a reçu au total pendant la 2ème guerre mondiale !…

•    C’est un véritable déluge de bombes de tous les types : bombes à fragmentation, bombes chimiques, napalm, défoliants pour détruire la couverture forestière du pays

2. Des effectifs croissants

•    En 1967, on compte 500 000 soldats américains engagés dans le conflit avec des moyens colossaux à leur disposition (hélicoptères notamment)

•    Et pourtant c’est l’enlisement !

•    La première puissance mondiale ne parvient pas à venir à bout du Viêt-cong

•    L’armée américaine est rongée par la drogue et les trafics en tous genres, par la démoralisation aussi

c) L’échec et la défaite

1. Le tournant de 1968 avec l’Offensive du Têt

•    En janvier, les maquisards Vietcongs lancent une grande offensive dite « offensive du Têt » (Nouvel An vietnamien) sur les villes du Sud, les bases américaines et ils entrent même dans Saigon, pour être finalement repoussés.

•    A l’évidence et malgré les moyens mis en œuvre, les américains ne peuvent venir à bout ni de la résistance du FNL ni de la détermination du gouvernement de Hanoi !

•    Il va falloir envisager autre chose qu’une solution militaire et Johnson ordonne en mars l’arrêt des bombardements et commence les négociations avec le FNL et le gouvernement de Hanoi.

2. « La «vietnamisation» de la guerre.

•    Le nouveau président, Nixon, entame à partir de 1969 un lent désengagement des forces terrestres américaines, qui passent de 500 000 à 50 000 hommes.

•    En même temps, les États-Unis organisent une puissante armée Sud-vietnamienne de 1 800 000 hommes.

•    En mars 1972, l’armée Nord-vietnamienne lance une offensive générale sur le 17e parallèle. Nixon réplique par la reprise des bombardements massifs sur Hanoi et les digues du Tonkin.

3. L’extension régionale du conflit au Laos et au Cambodge

•    Pour négocier en position de force, Nixon décide aussi le bombardement de la piste Hô Chi Minh, qui, du Nord Vietnam, à travers le Laos et le Cambodge oriental, approvisionne les maquis du Vietnam du Sud.

•    Dans ce contexte, il favorise en 1970, à l’instigation de la CIA, le renversement du prince Sihanouk, roi du Cambodge, dont la position dans le conflit est neutraliste, au profit d’une dictature militaire proaméricaine dirigée par le général Lon Nol. Le Cambodge bascule dans la guerre civile, les « khmers rouges », communistes cambodgiens prochinois, harcelant le nouveau régime à partir des maquis.

4. La paix

•    La paix est signée le 23 janvier1973 à Paris et les Etats-Unis se retirent du Vietnam.

•    56 000 morts pour les américains, 1,5 million pour le Vietnam du Nord …

•    Toutefois, la guerre continue entre le Nord et le Sud, qui a refusé les accords de Paris.

3°) Une « sale guerre » à l’impact déplorable

a) Une guerre très coûteuse

•    Des centaines de milliards de $ engouffrés dans cette guerre

•    De ce fait les USA perdent progressivement leur avance technologique et stratégique sur l’URSS

•    Les déficits et l’inflation s’aggravent pour les USA et le $ se déprécie : la confiance dans la monnaie américaine est sérieusement entamée.

b) Une  « sale guerre » aux effets désastreux

1. Une guerre très médiatisée,

•    Aux USA et dans le monde entier

•    La TV révèle les horreurs de la guerre, les souffrances des soldats US et les souffrances des populations vietnamiennes, favorisant la propagande pacifiste.

2. Un impact désastreux

2.1. Aux USA même

L’opposition à la guerre se développe dans les milieux d’intellectuels libéraux, dans les universités, chez les noirs aussi, qui y voient une guerre raciste.

Profonde crise morale aux USA : les américains sont d’autant plus démoralisés qu’ils s’interrogent sur la légitimité de ce conflit et qu’ils connaissent pour la première fois de leur histoire une défaite militaire : c’est un véritable traumatisme national !

2.2. Dans le monde : la  réprobation internationale

Dans tous les pays de l’est bien sûr

Dans le Tiers-monde où cela développe une vague d’antiaméricanisme

Dans l’opinion publique et la jeunesse des pays occidentaux

Par quelques pays occidentaux, la France notamment

2.3. Un affaiblissement des positions de l’occident

L’échec au Vietnam va engendrer une volonté de non-intervention à l’extérieur pour éviter de retomber dans semblable situation : pour l’URSS c’est évidemment un sérieux avantage !

A l’W, on s’interroge désormais sérieusement sur la capacité des Etats-Unis à défendre leurs alliés, et bientôt sur leur volonté à le faire …

C. LES ASPECTS ET L’impact DE LA DETENTE

1°) le temps des négociations et du dialogue.

Le premier signe de la Détente, consécutif à la crise de Cuba, fut la mise en place du « téléphone rouge », ligne directe de Télétype entre le Kremlin et la Maison Blanche pour que les dirigeants des deux pays puissent communiquer directement en cas de crise grave.

Les deux grands vont donc parvenir à s’entendre, notamment dans le domaine du nucléaire, et avec une politique d’apaisement en Europe comme en Asie.

a) Une meilleure entente dans les domaines nucléaire et commercial.

1. En matière stratégique

•    Les USA passent de la stratégie des représailles massives à celle des représailles flexibles, et d’une stratégie anti-cités à une stratégie anti-forces (c’est à dire tournée contre les objectifs militaires) ; cette politique proposée à l’OTAN dès 1962 est adoptée en 1967.

•    Cependant, les USA étant convaincus d’être en retard sur l’URSS en matière d’engins balistiques, Kennedy

Augmente le budget de la Défense pour accroître l’équipement nucléaire et conventionnel des USA

Lance le programme « Apollo » pour dépasser les Russes dans la course à l’espace et envoyer deux américains sur la lune avant la fin de la décennie (en les faisant revenir …Ce sera chose faite en 1969)

2. En matière d’armes nucléaires.

A défaut de pouvoir envisager sérieusement un désarmement, pour l’instant prématuré, les deux grands vont au moins s’efforcer de limiter la course aux armements.

2.1. Le traité de Moscou : Août 1963

Traité d’interdiction des essais nucléaires autres que souterrains

Refus de la France et de la Chine de signer ce traité

2.2. Le traité de non-prolifération des armes nucléaires : Juin 1968

Conclu par les deux grands, il est signé par 115 pays, à l’exclusion de la France, de la Chine et de l’Inde, soucieuses de préserver leur indépendance et qui ne veulent pas s’interdire de développer leur potentiel nucléaire

Les puissances non nucléaires signataires s’interdisent d’acquérir ou de produire des armes nucléaires

Les puissances nucléaires signataires s’interdisent d’aider les autres pays à acquérir et fabriquer l’arme nucléaire, tout en leur communiquant les découvertes à usage pacifique

2.3. Les négociations et accords S.A.L.T. 1

Strategic Arms Limitation Talks

Négociations ouvertes à Helsinki en 1969 et donnant lieu à la signature d’un accord entre les USA et l’URSS en mai 1972 à Moscou (accord valable 5 ans)

Contenu :

Plafonnement des armes stratégiques (missiles balistiques intercontinentaux) à un certain niveau, ainsi que des sous-marins atomiques lanceurs

Limitation des missiles anti-balistiques (= limitation des missiles antimissiles afin de ne pas rompre l’équilibre de la terreur tout en limitant la course aux armements)

Remarques :

On ne s’interdit pas d’améliorer les armes existantes (miniaturisation et missiles avec ogives à têtes multiples)

On ne s’interdit pas non plus d’en chercher de nouvelles (bombe N = bombe à neutrons, qui détruit toute forme de vie mais laisse le matériel intact tout en engendrant une moindre contamination …)

2.4. Le traité sur la prévention de la guerre nucléaire

Il est signé par les USA et l’URSS en 1973, lorsque Brejnev se rend en voyage officiel aux Etats-Unis

Les deux pays s’engagent à éviter un conflit nucléaire entre eux ou avec des tiers

3. En matière commerciale

•    Les échanges commerciaux se développent entre l’URSS et les USA, à partir du voyage de Nixon à Moscou en 1972, mais surtout avec celui de Brejnev aux Etats-Unis où sont signés des accords de coopération économique et technique

•    Ces accords sont plutôt avantageux pour l’URSS qui va pouvoir bénéficier de crédits avantageux et importer ce qui lui fait cruellement défaut :

Des céréales

De la technologie, y compris par l’intermédiaire d’usines clés en main

•    Les USA importeront plutôt des hydrocarbures en provenance d’URSS, mais sont en même temps ravis de trouver de nouveaux marchés surtout pour une agriculture qui croule sous les excédents

b) L’apaisement en Asie

1. La fin de l’intervention américaine au Vietnam

•    Interminable négociation de Paris avec le FNL et le Nord Vietnam, parallèlement à l’usage de la force

•    Signature en janvier 1973 des accords de paris et retrait des américains du Vietnam

2. Le rapprochement Pékin-Washington

•    Les USA deviennent favorables à l’entrée de la Chine à l’ONU avec le Siège au Conseil de Sécurité, aux dépens de Taiwan : c’est chose faite en 1971

•    Différents voyages en Chine, des pongistes dans un premier temps, de H. Kissinger ensuite, précèdent la visite officielle de Nixon à Pékin en février 1972

Remarque :

C’est une forme aussi inattendue que spectaculaire de la coexistence pacifique, utilisée d’ailleurs aussi comme un moyen de pression sur l’URSS, qui ne peut pas laisser prendre une alliance Chine-USA se constituer (Nixon est d’ailleurs immédiatement invité à Pékin où il se rend en mai 72 et où sont signés les accords SALT)

c) L’apaisement en Europe

1. « L’Ostpolitik du chancelier Willy Brandt »

1.1. Willy Brandt

Ancien président de l’Assemblée, puis maire de Berlin-Ouest, il devient chancelier de RFA en Octobre 1969 avec la victoire du parti social-démocrate aux élections ; il le restera jusqu’en 1974 où il doit démissionner du fait de la trahison d’un de ses plus proches collaborateurs, en fait  agent du KGB !

Il est convaincu du caractère durable de la division de l’Allemagne en deux états. Il s’agit d’accepter la réalité issue de l’amputation territoriale et de la division nationale allemande pour mieux favoriser un rapprochement et une coopération avec l’Europe de l’Est, normaliser et humaniser les rapports entre les deux Allemagnes et préserver l’avenir interallemand.

Il va donc mener une politique réaliste « d’ouverture à l’est «  qui rassure l’URSS et le camp socialiste, tout en ayant bien entendu l’approbation de Washington.

2. Plusieurs accords de grande importance entre 1970 et 1972

En 1968 la RFA signe le traité de non-prolifération des armes nucléaires

En Août 1970 : traité avec l’URSS,  avec un engagement solennel de la RFA à ne pas utiliser la force dans ses relations avec l’URSS

Décembre 1970 : Traité avec la Pologne

Avec reconnaissance de l’inviolabilité des frontières et de la ligne Oder-Neisse

Lors de son séjour à Varsovie, le chancelier Willy Brandt condamne le génocide nazi en s’agenouillant devant le monument qui commémore le martyre des juifs, geste hautement symbolique et d’un grand retentissement

En Septembre 1971, Traité à 4 sur Berlin

l’URSS promet un libre transit des marchandises et des personnes entre la RFA et Berlin-Ouest : enfin ! …

En Décembre 1972 = normalisation de relations RFA-RDA : la RFA reconnaît la souveraineté de la RFA et réciproquement

En Septembre 1973 = admission simultanée à l’ONU de la RFA et de la RDA

En 1973 = accords commerciaux RFA-URSS

En 1973 = voyage de W. Brandt en Tchécoslovaquie, où il condamne l’accord hitlérien de Munich de Septembre 1938

C’est là une étape décisive de la Détente puisque la question allemande a été jusqu’alors un important sujet de friction entre l’Est et l’Ouest

2. La conférence d’Helsinki

Première CSCE, qui rassemble tous les états européens, y compris l’URSS, plus les USA

Ouverture en 1973 et achèvement avec la signature des accords d’Helsinki en 1975

2.1. Contenu des accords : les trois corbeilles

Garantie du statu quo en Europe

Affirmation de l’inviolabilité des frontières européennes et renonciation au recours à la force dans le règlement des conflits éventuels

C’est une sorte de traité de paix de la 2ème guerre mondiale, avec 30 ans de retard

Affirmation de la volonté de développement de la coopération scientifique, technique et économique entre les signataires.

Affirmation de la garantie de la défense des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales, et du principe de la libre circulation des hommes et des idées

2.2. Remarques

L’URSS est tout à fait satisfaite puisqu’elle obtient la confirmation des situations issues de la 2ème guerre mondiale.

Les USA sont satisfaits du 3ème panier des accords mais cela ne gênera en fait guère l’URSS et les pays de l’est qui n’en tiendront nul compte. Toutefois les dissidents soviétiques, peuvent désormais s’appuyer sur ces accords pour dénoncer les violations des droits de l’homme à l’est et le Kremlin n’a plus les coudées aussi franches qu’auparavant pour les faire taire, au moins pour les plus célèbres d’entre eux  (Soljenitsyne et Plioutch, condamnés à l’exil, Sakharov en résidence surveillée). Pour les autres il reste toujours l’épreuve du goulag et de l’hôpital psychiatrique)

Conclusion partielle :

La période 1973-75 peut donc bel et bien être considérée comme l’apogée de la détente. D’ailleurs le 17 Juillet 1975, les capsules spatiales américaines et soviétiques Apollo et Soyouz s’arriment dans l’espace sous les yeux de millions de téléspectateurs, signe évident de cette détente

Toutefois, celle-ci n’a pas engendré la fin des tensions et des conflits, qu’ils soient internes aux blocs du fait de leur ébranlement,  externes à ceux-ci ( conflit indo-pakistanais, drame du Biafra), ou encore entre les blocs mais en restant localisés. La détente a tout de même ses limites.

2°) L’impact de la détente : l’ébranlement des blocs

Les Etats-Unis, embourbés dans la sale guerre du Vietnam sont de plus en plus l’objet d’une réprobation mondiale. De plus le miracle économique européen et la réussite de la CEE nourrissent des relations d’autonomie par rapport aux USA dont la tutelle est de moins en moins bien supportée en Europe. Quant au Japon, il devient lui aussi un nouveau pôle avec lequel il faut compter, au moins sur le plan économique.

A l’Est, la crise du bloc communiste s’approfondit, avec de nouvelles forces centrifuges qui s’y manifestent, Moscou et Pékin restant les deux pôles dominants et antagonistes

Au clivage Est-Ouest, se juxtapose en outre un clivage Nord –Sud, avec l’émergence du tiers-monde sur la scène internationale.

Le monde bipolaire hérité de la guerre, est en fait en train de devenir un monde multipolaire

a) A l’Ouest, le leadership américain contesté par la France Gaullienne

De Gaulle va incarner la résistance à l’hégémonie américaine. A partir de 1962, la France est libérée de l’hypothèque algérienne et De Gaulle peut désormais véritablement mener la grande politique qu’il souhaite pour la France, politique de grandeur et d’indépendance nationale qui va se manifester de différentes manières.

La volonté d’indépendance face à l’impérialisme américain est très forte mais il n’y a aucun reniement d’alliance : en 1962, la France est le plus fidèle allié des USA dans la crise de Cuba : « Si c’est la guerre, nous la ferons aux côtés des américains »

1. La volonté d’indépendance sur le plan militaire.

1.1. Poursuite du programme de recherche et armement nucléaire :

la France ne saurait confier à personne d’autre qu’à elle-même le soin d’assurer sa défense et doit s’équiper d’une force de dissuasion nucléaire

La France fait exploser sa première bombe A en 1960 et la bombe H en 1966

Elle se lance dans un programme d’équipement (avec construction de sous-marins nucléaires, silos de fusées nucléaires et avions)

1.2. Refus de s’associer aux traités internationaux sur le nucléaire

Au traité de Moscou d’interdiction des essais nucléaires atmosphériques en 1963

Au traité de non-prolifération des armes nucléaires en 1968

1.3. Rejet du « Grand Dessein » de Kennedy

De Gaulle, qui avait proposé en 1958 un projet de directoire à 3 de l’Alliance Atlantique, refuse à son tour en 1962 le « Grand Dessein » de Kennedy qui voulait intégrer les forces européennes y compris nucléaires dans l’OTAN, les USA gardant seuls le pouvoir de décision nucléaire.

1.4. Retrait de la France de l’OTAN

En Mars 1966, la France se retire complètement de l’OTAN, tout en restant membre de l’Alliance Atlantique, et les forces américaines présentes en France sont invitées à quitter le territoire national

2. La volonté d’indépendance sur le plan économique et financier

2.1. Contrôle et limitation des investissements américains en France

Pour éviter la mise sous tutelle de notre industrie nationale et conserver notre indépendance sur le plan économique

2.2. Volonté de développer la recherche et l’industrie française

Il s’agit là encore de faire face aux tentatives hégémoniques américaines

Efforts pour une filière française de l’énergie nucléaire pour éviter le recours aux brevets américains

Plan Calcul pour développer l’informatique française ; soutien à « Bull »

Avion supersonique « Concorde » en collaboration avec les anglais

2.3. Offensive contre la suprématie du $ à partir de 1965

De Gaulle est favorable à un système monétaire qui ne serait fondé que sur l’or.

La France vend donc ses $ pour se constituer des réserves exclusivement en or !

3. Les initiatives diplomatiques françaises

De Gaulle multiplie les gestes spectaculaires contre les deux hégémonies, surtout celle des USA puisque la France fait partie du bloc de l’ouest, ce qui irrite évidemment un peu plus les Etats-Unis…

3.1. Les deux refus à l’entrée de la GB dans le marché commun

A deux reprises, en 1963 et 1967, De Gaulle s’oppose à l’entrée de la GB dans la CEE, que non seulement elle avait boudé en 1958, mais qu’elle avait aussi cherché à torpiller de l’extérieur en étant à l’origine de l’AELE.

De Gaulle considère que la GB n’est pas mûre pour entrer dans l’Europe.

Il estime que son objectif est de lutter contre la CEE de l’intérieur avec la perspective de la dissoudre dans une sorte de vaste zone de libre-échange intégrant le Commonwealth auquel elle reste trop attachée.

Il pense qu’elle est toujours trop liée aux USA, lesquels voient maintenant dans l’Europe un concurrent un peu trop redoutable qu’il faudrait affaiblir. La GB serait en quelque sorte «le « Cheval de Troie » des USA en Europe et mieux vaut donc qu’elle reste en dehors selon lui …

De Gaulle veut une France indépendante dans une Europe indépendante et non pas d’une Europe soumise aux volontés américaines.

3.2. Le rapprochement avec l’est

Rapprochement avec l’URSS

Reconnaissance de la Chine Populaire

Rapprochement avec les démocraties populaires

Avec la Pologne (coopération au niveau des chantiers navals de la Baltique)

Avec la Roumanie (coopération pour la création de complexes touristiques sur la Mer Noire)

3.3. Le discours de Pnom-Penh ( 01.07.1966)

Condamnation de l’intervention américaine au Vietnam et de la responsabilité des USA dans la guerre

Condamnation faite dans la capitale du Cambodge où il est reçu par le prince Sihanouk, à proximité même du Vietnam où se battent les soldats américains !…

3.4. « Vive le Québec Libre »

Alors qu’il est en voyage officiel au Canada en Juillet 1967, dans un pays largement anglophone, mais au Québec c’est à dire aussi à proximité immédiate des Etats-Unis,  De Gaulle conclut le discours qu’il fait à l’hôtel de ville de Montréal, par ce fameux « Vive le Québec Libre », qui provoque évidemment un incident diplomatique avec le pays hôte tout en scandalisant l’opinion américaine!

Extrait :

« C’est une immense émotion qui remplit mon cœur en voyant devant moi la ville française de Montréal.

Au nom de la France, je vous salue de tout mon cœur. Si vous saviez quelle confiance la France, réveillée après d’immenses épreuves, porte vers vous, si vous saviez quelle affection elle recommence à ressentir pour les Français du Canada. C’est pourquoi elle a conclu avec les Gouvernements du Québec, des accords, pour que les Français de part et d’autre de l’Atlantique travaillent ensemble à une même œuvre française. (…)

Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! Vive le Canada français et vive la France ! »

b) A l’Est, la crise du bloc soviétique.

1. L’Aggravation de la querelle avec la Chine Populaire

•    La rupture officielle entre la Chine de Mao et l’URSS de Khrouchtchev remonte à 1960, après deux années d’un débat idéologique et politique particulièrement violent et ponctué d’injures de toutes sortes

•    En 1962 le PCC publie un réquisitoire en 25 points énumérant les divergences avec l’URSS.

•    Rupture des relations diplomatiques en 1967

•    En 1962, puis en 1968 et 1969, incidents de frontière sur le fleuve Amour et son affluent l’Oussouri ; depuis 1966 il y a environ un million d’hommes massés de part et d’autre de la frontière !

•    Le conflit est d’autant plus inquiétant que la Chine dispose de la bombe A depuis 1964 et de la bombe H en 1967 …

2. Les manifestations d’indépendance tolérées par Moscou en Europe

2.1. La diplomatie relativement autonome de la Roumanie

La Roumanie de Ceaucescu, au pouvoir depuis 1965, pratique une politique extérieure non-alignée sur Moscou

Refus de prendre parti contre  Pékin

Rapprochement avec la Yougoslavie

Traité d’amitié avec la Tchécoslovaquie de Dubcek et désolidarisation du coup de Prague de 1968

Etablissement de relations diplomatiques avec la RFA

Tolérance de la part de Moscou car

La politique intérieure reste très stalinienne et connaît même un durcissement

Le territoire roumain n’a aucune frontière commune avec l’ouest

2.2. La politique économique originale de la Hongrie

Kadar mène une politique économique relativement libérale et autonome, avec réussite d’ailleurs

En revanche il reste totalement soumis à Moscou en politique extérieure

2.3. Le changement de direction en Pologne en 1970

Profonde crise économique en Pologne, avec augmentation brutale des prix des produits de première nécessité

Flambée de colère ouvrière dans les chantiers navals de la Baltique, avec des manifestations qui tournent à l’émeute

Violente répression avec des centaines de morts qui traumatise la population, avec en outre la démission de Gomulka et la nomination de Gierek à la tête du POUP : de nouvelles promesses qui ne seront pas tenues, mais l’ordre communiste règne à nouveau

2.4. La naissance de « l’Eurocommunisme » en Europe de l’ouest

Il rassemble les partis communistes italien, espagnol et français, non sans quelques réserves pour ce dernier

Il prend ses distances avec Moscou

Condamnation de l’intervention en Tchécoslovaquie

Protestations contre le sort réservé à certains dissidents

Abandon de la théorie de la dictature du prolétariat

Respect des règles démocratiques occidentales pour parvenir au pouvoir

3. Le « Printemps de Prague » et l’intervention militaire soviétique : 1968

3.1. « Le Socialisme à visage humain » du Printemps de Prague

En Janvier 1968 des communistes réformistes parviennent au pouvoir :

A. Dubcek devient premier secrétaire du parti en remplacement du stalinien Novotny

Le Général Svoboda remplace Novotny à la présidence de la république

L’Assemblée nationale élit son président au scrutin secret et Smirkovsky est élu

Des réformes sont effectuées et d’autres annoncées

Abolition de la censure : un vent de liberté souffle sur la presse et la télévision

Réhabilitation des victimes du communisme

Projets d’autogestion ouvrière, de fédéralisation du pays, d’introduction de l’économie de marché

Les réactions sont très tranchées…

Enthousiasme populaire en Tchécoslovaquie, notamment dans la jeunesse

Inquiétude à Moscou et dans les autres démocraties populaires : le risque de déviation et de contagion démocratique est jugé trop grand

3.2. L’intervention soviétique : 21 Août 1968

Les prémices

Le pacte de Varsovie invite le PCT à « corriger ses erreurs »

Les dirigeants tchécoslovaques sont convoqués à Moscou où les soviétiques exercent sur eux de lourdes pressions, mais ils résistent. ;

Les faits

Le 21 Août les troupes du pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie où elles ne rencontrent qu’une résistance passive et occupent le pays

La normalisation commence

Les acquis du printemps de Prague sont supprimés

Censure, Autoritarisme  et épuration font leur retour avec les néostaliniens imposés par Moscou : la chape de plomb retombe sur la Tchécoslovaquie !

3.3. Portée de l’événement

Une excellente illustration de la « Doctrine Brejnev » dite encore « doctrine de la souveraineté limitée » :

Le socialisme est un fait irréversible et les états-frères ont le devoir d’intervenir lorsqu’il se trouve menacé dans l’un ou l’autre des pays du bloc

L’image de l’URSS est un peu plus ternie.

Protestations  des gouvernements occidentaux, mais la détente n’est pas pour autant remise en cause

Protestations de plusieurs pays socialistes : Yougoslavie, Chine, Roumanie

Condamnation de l’intervention par les partis communistes occidentaux (PCI ; PCF)

Conclusion

Malgré les tensions qui subsistent, les relations Est-Ouest se sont considérablement améliorées, et en 1973-75 il semble qu’une nouvelle période de paix puisse s’ouvrir et que l’on puisse passer de la détente à l’entente

Mais il n’en est rien, les Etats-Unis sortent très affaiblis de leur échec au Vietnam et du scandale du Watergate et ils ne veulent plus intervenir à l’extérieur pour la défense du monde libre. L’URSS va en profiter, avancer ses pions à la faveur de cette période de faiblesse qui ne dure que quelques années, jusqu’à l’aube des années 80. En fait de marche vers l’entente le monde revient en fait à un climat beaucoup plus tendu, celui de la guerre fraîche, alors que parrallèlement, d’autres tensions naissent ou se développent à la surface du globe deans un monde devenant véritablement multipolaire.

 

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