La Méditerranée Occidentale : étude régionale

Limites : états, dans toute leur extension spatiale ou littoral (c’est à dire partie littorale des états) ?? Ici, Littoral. Ensuite , quels états ? Pour des raisons explicitement économiques et politiques on se limite à France,  Espagne et Italie  au nord, Algérie, Maroc  et Tunisie au sud. Bref, pas une méditerranée qui irait de Gibraltar aux bouches du Kotor, mais une meditérranée profondément ancrée dans son caractère occidental, c’est à dire colonial, migratoire, méridien…. On est dans une logique de post décolonisation et c’est pour cela que l’on exclut l’ex Yougoslavie qui est dans une logique de constitution d’état par éclatement d’empire….

La problématique impose donc , comme souvent, les limites spatiales du sujet. (et non l’inverse, ce que Bethemont signale lui même avec d’excellents arguments dans Historiens Géographes !)

Il s’agit de comprendre comment une structuration coloniale de l’espace (dont les héritages sont actuels en termes de population et de culture) peut progressivement laisser place à une organisation égalitaire des échanges (y compris quant à la libre circulation des hommes et au respect des différences culturelles)

Le plan se trouve donc fortement contraint : il doit démontrer l’unité des pays sélectionnés (unité invoquée pour exclure les autres). Ce sera l’objet de la partie 1 qui exposera cette profonde unité (en partie hérité des structures industrielles  coloniales, mais pas seulement, puisque le climat et ses exploitations touristiques est au moins aussi important, et beaucoup plus rémunérateur) . En conséquence cet espace a depuis longtemps été conçu (par les puissances dominantes) comme un tout, où les régions doivent s’organiser en complémentarité plutot qu’en concurrence. Aujourd’hui ce schéma est mis en cause, et nombre d’accords particuliers favorisent le Sud (accord d’import temporaires hors douanes par exemple) et impliquent une nouvelle répartition des activités et des richesses (partie 2). Cela entraine une sorte de division du travail entre les deux rives de la Méditerranée et conduit à une hiérarchie que l’on peut prendre comme argument d’une typologie (partie 3).

I Les spécificités méditerranéennes de l’unité régionale

A Les échanges de populations

Histoire rapide des déplacements de population et des migrations. (de la colonisation à l’actuel).  Ne pas oublier les cas particuliers des enclaves espagnoles au Maroc.

Parler des transferts financiers des émigrés.

Parler d’aujourd’hui et de plusieurs problèmes ; les populations sont elles toujours libres (ou contraintes ) de migrer ? les migrations de populations impliquent elles des brassages de cultures ou des replis identitaires ?

Bref cette unité réelle va t elle en se renforçant ou en diminuant ?

Nuancer la réponse. Il y a plus d’unité en ce sens que les valeurs economiques sont communes et les modéles de développement aussi. Il y  a moins d’unité dans la mesure où ce développement accentue les clivages sociaux et favorise les revendications sociales, qui s’expriment alors au travers des  mouvements capables de les récupérer , nationalismes, régionalismes, intégrismes…. …(ce qui est simpliste, mais qui existe quand même !). S’il faut un exemple exposer que l’on pourrait faire un parallèle (partiel et schématique) entre la montée du Front National dans le Sud de la France et de l’intégrisme en Algérie, à partir du fait qu’ils cimentent leurs partisans par la haine de l’autre, qui est, clairement, désigné comme l’habitant d’outre mer !

B L’ensemble bio-climatique et ses conséquences en aménagement

Présentation de la (relative) uniformité des conditions  écologiques dans la région.bioclimat-médit

Conséquences agricoles : forte concurrence intra-régionale pour nombre de produits (agrumes italiens, espagnols, légumes de partout, vins…) Concurrence accentuée par l’UE.

Conséquences touristiques avec un modèle dominant de tourisme balnéaire décliné presque partout avec assez peu de nuances locales : proposer le croquis d’une station-marina (de Sidi Feredj à  Port Grimaud)

port-grimaud

C L’intégration économique,

est dépendante d’accords politiques  particuliers (d ‘état à état, de supra état à ensemble régional)

France Algérie : accords particuliers sur le football, certes, mais surtout sur les hydrocarbures… (achetés par la France à un cours sup au cours mondial) ; accord d’aide et de coopération : France Tunisie, France Maroc

Idem au niveau Européen :  les plans d’aide ont été peu suivis d’effets et aujourd’hui l’UE investit plus d’ aides en Europe de l’Est qu’en Mediterranée. Signaler cependant les conditions de «partenariat pour importations temporaires » qui concernent des produits manufacturés demandant de la main d’œuvre. Exemple au Maroc : un chef d’entreprise importe (sans droits) du tissus d’Europe (UE) et, après l’avoir transformé en vetements, l’ exporte en Europe (UE) sans droits non plus….C’est pour l UE un moyen de garantir des emplois nombreux au Sud  (diminuer l’émigration, garantir un marché local solvable..), et pour le Sud un moyen d’échapper aux douanes. Tout le monde y gagne, sauf peut être les ouvriers qui ne sont pas fort payés….mais qui sont payés cependant. Cela existe aussi en Tunisie.

Transition : mélange de populations et non mélange de cultures…Intérêt économiques communs, mais echange organisé entre un fort et un faible : le faible a les faibles couts sociaux, le fort a le fort pouvoir d’achat.. Tout est en place pour une complémentarité qui pourrait tourner à la  hiérachisation de l’espace.

II – Un gradient de développement

A L’inégal  niveau de développement : un constat

la notion de développement doit être discutée : elle est économique, sociale, politique..et implique la référence à une durée : on se développe en partant d’un niveau donné pour aller à un autre. Mentionner donc que les pays du Sud sont d’ex colonies et que, malgré les discours bien pensants qui tentent de dé responsabiliser les anciens colonisateurs, le colonialisme a laissé des traces, dont il n’est pas certain que le bilan soit « globalement positif » pour le colonisé ! .

Quelques indicateurs : PIB /h an nord toujours supérieur à 12000 USD, au Sud toujours inférieur à 2500 USD.  Au Sud de 2 à 20 % de la pop n’a pas accès à l’eau potable et à l’assainissement, au Nord c’est moins de 1%. L’espérance de vie des femmes est, au Sud, partout inférieur à 71, au Nord, partout supérieur à 81 ans . Ça fait 10 ans  d’écart !!!

pib-hab-medit-2006Tx nat sup à 20 p mille au Sud, toujours inf à 13 p mille au Nord.  (il est de 9 en Italie Espagne et en France (12,7), s’il n’y avait une population française d’origine étrangère (Af du Nord en particulier) il serait de 10 !…

B L’inégal  niveau de développement : des explications possibles

Les explications sont nombreuses, aucune n’est complète , aucune n’est vraie partout, toutes sont partielles. On peut distinguer des explications de type culturel : des référents culturels dominants empêchent les activités économiques de développer le pays. Mais le contraire existe aussi : ce peuvent être les difficultés économiques qui empêchent le développement culturel.

• des aspects culturels : Statut de la Femme . Être clair, c’est un sujet difficile. Cependant, exclure les femmes de la vie économique en les empêchant d’être civilement majeures , cela entraine un retard au développement (moindre consommation domestique, moins de temps dégagé pour des taches hors famille, plus de mortalité, arriération culturelle…) Dire cela n’est pas être anti-islamiste primaire….

• des aspects économiques : l’inégale inscription dans la mondialisation, qui apporte moins de capitaux et permet moins d’investissement dans l’éducation, ou dans les services culturels…et fait des salaires de fonctionnaires tres bas. En conséquence,  des élites qui , une fois une compétence acquise à l’étranger, ne reviennent pas forcément au pays….Pour argumenter sur l’inégale inscription dans la mondialisation, prendre les chiffres de Bethemont ( on ne dira jamais assez que son bouquin est excellent !!) dans le tableau page 270 et calculer : Alg Mar Tun =  23 Milliard de USD d’export, FR It Esp = 650 !!! C’est du 1 à 33 !!!

On peut aussi signaler qu’au Nord on a des démocraties, au Sud des (ex) dictatures où la corruption est importante et l’armée puissante (pour le moins). Ca n’a jamais aidé au développement social !

On doit signaler que les « freins culturels » au développement peuvent voyager avec les populations qui les ont élevés au rang d’identité : le statut de la femme musulmane n’est pas un problème du Maghreb, mais il se pose partout où l’Islam est ainsi pratiqué.

On doit aussi signaler que le cercle vicieux qui , de la pauvreté fait dériver la non accès à la culture existe au niveau d’états (certes) mais est exactement répété, à l’échelle locale, dans des quartiers de ville à l’intérieur d’un pays dit « riche »….. D’où une traduction spatiale de ces difficultés qui doit distinguer plusieurs échelles.

C Développement inégal et traduction spatiale des écarts :

Des régions riches et des régions pauvres, à toutes les échelles. Développer trois exemple :

l’échelle locale avec les quartiers d’une ville : Marseille

ise-marseille

L’échelle régionale en se fondant sur Alger et ses environs, (Mitidja, Blida, Médéa et Buoira) avec l’article de Belkhatir dans Méditerranée. Expliquer comment le développement d’Alger, et son attractivité a progressivement réduit les villes proches (Médéa par exemple) au rôle de réservoir à main d’œuvre et favorise la croissance de la proche banlieue (Blida). Comme si l’agglomération d’Alger (de Sidi feredj à Bordj el Kiffan et Rouiba- Blida) vidait de leur substance les environs situés à 50 – 100km.

l’échelle nationale en distinguant le Nord et le Sud de l’Italie.

disparités-italie

disparités-italie-2

Déduire des différences entre régions la possibilité pour des revendications localistes, régionalistes… Les idéologies des territoires « indépendants »

Discuter : qu’est ce qu ‘une « région » (Catalogne, Kabylie) et en quoi est ce différent d’un « pays » (la Corse ?). Ne pas conclure et ne pas prendre parti !

Utiliser ces revendications pour justifier le recours à une typologie, qui distingue les espaces les uns des autres….

III – Des régions, dont aucune n’est trans-méditerranéenne

Le critère de la typologie sera un croisement entre richesse et développement culturel.  (Cf légende du croquis de synthèse) Si vous êtes pressés croisez simplement les cartes des pages 74 et  258 du Bethemont. Si vous avez plus de temps,  complétez avec les cartes de Balabanian et al, pages 188 et 189, (ou plus récent !!) et de  Cote et Joannon (Méditerranée, 1999,) page 10.

Une fois ce critère établi, indiquer que le thème de l’unité n’est pas complètement évident. Au Nord on peut penser à des « régions » assez unies. Au Sud…  Quant à voir apparaître une unité construite, forte comme celle qui, entre Londres et Paris a rendu utile la création d’une liaison … au travers d’une mer….cela ne semble pas être pour tout de suite…

A – Le Nord  « local » : de Barcelone à Gènes, l’arc méditerranéen

L’idée est reprise d’une carte du Gip Reclus avec « l’arc des sud ». C’est plus un souhait (un peu narcissique) d’ un labo montpellierain  (qui est, juste le centre de cet arc !!) qu’une réelle entité spatiale,  mais… malgré tout, c’est une idée qui est pertinente et qui a le mérite de rendre compte du fait qu’entre Barcelone et Gènes (ou Pise ?) on concentre l’essentiel de la richesse, de la dynamique innovatrice et de la puissance financière de la région. De là à dire qu’il y a une véritable coopération inter ville, c’est beaucoup , mais si cela était, il faudrait rendre justice au Gip Reclus d’y avoir pensé.

Je pense qu’on peut inclure les Baléares dans cette région

B Le Sud « relatif » : sous Valence  et plus bas que Naples…

Thématique classique des Sud en Méditerranée, inclure Corse, Sicile et Sardaigne.

Indiquer que malgré l’ancien royaume des deux Siciles, il n’y a pas beaucoup de relations Est Ouest (Valence-Naples ou  Sicile Andalousie !) Chaque « sud relatif » est préoccupé par son Nord direct, et n’a pas beaucoup de relations régionales autres….

C Le Sud «  profond » : des Maghrebs

Insister d’abord :  Le Maroc et la Tunisie ne sont pas des pays du tiers monde comme l’Albanie ou le Bangladesh ; voyez le tableau de Parité du Pouvoir d’Achat (Bethemont, page  265). Il s’agit de pays qui sont en train de réussir à sortir du sous développement, y compris dans la transition démographique. Ils s’approchent de la démocratie et des élections peuvent entrainer un réel changement de gouvernement. Pour l’Algérie la question est différente : les élections ne permettent pas forcément qu’un gouvernement change !

Algérie : Probleme naguère de quasi « guerre civile » , ou de « délinquance simple » (selon les discours) qui ne peut pas complètement cacher les difficultés profondes du pays.  Après l’indépendance les plans visent à développer le pays . La fin du  2eme plan quadriennal , de 1974 à 1977 coïncide avec un recensement qui démontre que l’objectif de rééquilibrage Nord Sud, de développement rural… n’est pas du tout atteint. Au contraire il y a concentration urbaine, autour d’Alger, abandon de certains espaces ruraux. En  1979 il y a de nouveaux choix politiques, (des changements dans l’état aussi)  puis deux plans quinquennaux, 80-84 et 85-89. A cause d’une crise financière forte (baisse des revenus pétroliers : les hydro carbures font 90% des revenus algériens !! et évasion des capitaux) la situation devient catastrophique. Emeutes de 88, 89. Elections et victoire des opposants islamistes au FLN.  Crise politique, reprise en main par l’armée et depuis, « guerre civile ».  Aujourd’hui, malgré des réformes il n’y a toujours pas de relance sur un marché intérieur et pas de creations d’emplois,  chute de 11% du PIB entre 75 et 97.  Problème explicitement politique…..qui pourrait être accentué par des conflits entre tribus (voir article de Layed, Mediterranée, p88).

Tunisie = Gestion du tourisme et investissements variés . (Cf article de Miossec dans BAGF ) Le tourisme est le fait d’investisseurs majoritairement locaux, sous une contrôle assez strict de l’état, qui établit des plans contraignants….et l’argent gagné est réinvestit en bonne partie sur place, et en partie ailleurs que dans le tourisme.  Il y a ainsi des Zones franches industrialo-portuaires (à Bizerte et à Zarzis) et un fort taux d’extraversion de l’industrie : 43% alors qu’il n’était que de 20% à l’indépendance. Prendre l’exemple du textile qui fait 56,7 % de l’industrie nationale et qui est à 85% littoral, prêt à l’export….

Il en résulte un contraste important opposant le littoral et l’intérieur (Cf article de Belhedi, dans Méditerranée) : littoral = 62% de la pop ; 85% des urbains ; 76% de la valeur ajoutée, 75% des investissements ; 85 % de l’emploi manufacturier,  83% de l’industrie… et 27% du territoire…

Bref : développement et inégalité spatiale/ le Littoral est un atout. ? Serait –ce un déterminisme physique ?? La réponse est nuancée (et pas provocante) Oui :  pour la température de l’eau.   Non : voyez le littoral algérien ! Serait ce une « ressource » ici et une « contrainte » en Algérie ? peut être !

Maroc : noter l’opposition entre atlantique et méditerranée . Côte atlantique : 74% des industrie, et 79% des emplois, Côte méditerranéenne 4,8 et 7%.  Mais sur cette côte il y deux villes principales (Tétouan et Nador) dont la pop croît  beaucoup  (3,8 et 6,5 par an en % ). Nador compte 200 000 h et doit une partie de sa croissance au fait qu ‘elle est la porte d’entrée à Melilla, donc à l’Espagne, donc à l’UE. C’est un peu pareil pour Tetouan et Ceuta. On est donc exactement dans une relation Nord Sud…

Conclusion

Le bassin occidental de la Méditerranée n’usurpe pas trop son nom (océanographique) de bassin algéro provençal. Il est marqué par des traits unitaires réels, anciens comme actuels, qui lient ses composantes Nord et Sud  bien davantage que ses composantes Est et Ouest. Les échanges de populations, les accords économiques ont permis une certaine inter compréhension au niveau des états, qui souhaitent s’entendre, et le font parfois alors que dans leurs populations il peut y avoir des réticences. Est ce à dire que l’unité de la région est un peu « forcée » par en haut ?

Peut être un peu. Dans les faits cette « unité » est vécue par les populations comme une relation marquée par des rapports de forces, et cette appréhension repose sur une différence de niveau de vie, de niveau de développement, de parti pris culturels,  qui évoluent lentement.

Cela joue à toutes les échelles : tous les habitants d’une ville comme Naples ne sont pas logés à la même enseigne.  De même les conflits d’unité ou de séparatisme peuvent jouer à l’échelle régionale .

C’est cependant au niveau étatique que l’enjeu d’un espace transméditerranéen unifié (en terme de douanes et de taxes par exemple)  est le plus suceptible d’être abordé. Mais la difficulté ne va pas en diminuant…pour ce qui concerne l’Algérie. En revanche elle diminue petit à petit pour Maroc et Tunisie, au point que le Maroc a, sérieusement, parlé d’adhérer à l’UE avec autant de légitimité que (selon lui) la Turquie !

Biblio

Bethemont Géographie de la Méditerranée, Armand Colin, 2001, 313p.

“Partir d’un fait historique qui nous frappe et lui chercher parmi des causes géographiques un moyen d’explication est une méthode viciée d’avance par le caractère tendancieux de la recherche “. P. Vidal de La Blache, ” La Conception actuelle de l’enseignement de la géographie “, Annales de Géographie, 1905

” Qui a dit que le déterminisme n’existait pas ? Un déterminisme bien tempéré, s’entend. “ J. Bethemont, la Méditerranée, p 98.
Le n° de Méditerranée 1-2, 199
(en particulier les articles de Belhedi, Belkhatir et Joumady)
Un article de Miossec dans BAGF 1997- 1, page 56.

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